
Lemgo fin du XIXe siècle :
une petite cité d'origine médiévale
Sur ce plan des années 1880, la ville de Lemgo présente encore une structure typiquement médiévale : L'urbanisation se concentre à l'intérieur des remparts, et suit l'ancien tracé des rues. La ville est plus densément urbanisée au nord (« vielle ville ») qu’au sud (« ville neuve »). Le long des sorties de ville vers Rinteln, Detmold, Lage et Herford on observe les premières ébauches d'urbanisation extra muros. Des implantations industrielles sont dispersées dans les secteurs encore non bâtis. La possibilité de s'établir dans le Feldmark, (zone de champs et de pâtures faisant partie de la ville mais hors les murs), a été ouverte par la municipalité seulement en 1867. Auparavant chaque projet de construction dans une nouvelle zone de peuplement nécessitait une autorisation spéciale du conseil municipal.

Plan de la ville de Lemgo. Vers 1885 (source : Archives municipales de Lemgo, K 1223).

Lemgo en 1907 : La ville pousse les murs
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Au début du XXe siècle, la ville de Lemgo s’est agrandie : sur le plan d’un guide touristique de 1907 (Karl OTTEMEYER, Führer durch Lemgo und Umgebung) apparaissent déjà clairement les prémisses d'un réseau de rues plus dense à l'extérieur des murs de la ville. Ces rues sont, pour la plupart, seulement désignées par des chiffres, ce qui indique que leur viabilisation pour construire des lotissements ne fait que commencer. Au nord on aperçoit l'hôpital de la ville, œuvre de la fondation Wolff inauguré en 1900, qui fût utilisé pendant la guerre comme hôpital militaire.
Lemgo selon un guide touristique de l'époque :
une ville productive et moderne
"Avant que nous ne portions notre attention sur les environs de Lemgo, encore quelques mots sur la ville dans sa situation actuelle. Elle a environ 9000 habitants qui vivent pour partie de la terre et pour partie de l'industrie. Autrefois Lemgo était célèbre (à côté de Vienne et Ruhla) pour sa production de pipes en écume de mer [sépiolite]. Il n'y a plus aujourd'hui que deux entreprises actives dans cette branche de l'industrie (Bernhard Tille et Wilhelm Emmerich).
Hormis une brasserie, un tissage de lin et une grande distillerie, on y trouve différentes manufactures de cigares. La facture de voitures et la sellerie et bourrellerie de luxe sont également importantes. Récemment, une entreprise de Lemgo (la Maison Hugo Scheidt) a livré au souverain un coupé cossu, ainsi qu'un landau et une demi-décapotable au prince Leopold de Meinberg, ce qui constitue une preuve que les fabricants de voitures de Lemgo sont en mesure de satisfaire les exigences les plus délicates. La sellerie princière de la Lippe des frères Koch, qui jouit de la meilleure réputation dans et hors de la région est également performante.
La ville possède sa propre caisse d'épargne, un abattoir, une usine à gaz et une adduction d'eau. Le réseau de distribution d'eau a été créé en 1900 et délivre une eau de source d'excellente qualité, qui est captée en deux points des environs de Lemgo, et approvisionne la ville au moyen de canalisations. Le projet de distribution a été établi ; quelques rues sont déjà équipées."
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Karl Ottemeyer, Führer durch Lemgo und Umgebung (1907).
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Karl Ottemeyer, Führer durch Lemgo und Umgebung (1907).
Cliquer ici pour lire le commentaire de
l'archiviste Marcel Oeben

Manufacture de tabac, Schuhstraße (Source : archives municipales de Lemgo, N1 Fotoarchiv GPG 2555)

La gare de Lemgo (inaugurée en 1867)
La gare ferroviaire - ouverture sur le monde
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Si les premières tentatives pour doter Lemgo d'une connexion ferroviaire remontent au milieu du dix-neuvième siècle, il a fallu attendre jusqu'au 8 juillet 1896 pour assister à l'ouverture solennelle de la gare située sur la ligne ferroviaire Lage-Hameln. Aux alentours de la gare (rue de Lage, Grevenmarsch) se développa par la suite une zone industrielle, industrie du bois principalement.
Pendant la guerre, de nombreux hommes de Lemgo sont bien sûr partis au combat en train. De cette gare ont également été embarquées les cloches des églises de Lemgo en tant que don de métal pour la guerre.
L'électricité et le gaz de ville : l'arrivée du confort moderne
Pas encore visible sur ce plan de la ville : au Bruchweg, la centrale électrique construite en 1911, fait aujourd'hui partie des services techniques de la ville de Lemgo. Jusqu'à cette époque la lumière artificielle était produite à Lemgo soit par des bougies, ou à partir de pétrole ou de gaz. L'usine à gaz, située un peu plus au sud, du côté du site actuel de la Poste du Bruchweg, avait été fondée en 1864 comme compagnie privée pour assurer l'éclairage des rues de la ville.

Ouvriers de l'usine à gaz de Lemgo (Source : archives municipales de Lemgo, Fonds Ohle).

Salle des turbines de la centrale électrique municipale de Lemgo
(Source : archives municipales de Lemgo/Fonds Ohle).
Gagnes-pain : Les catégories socio-professionnelles à Lemgo au début du XXe siècle
Artisans (indépendants et employés) : .................................................................24 %
Sans profession (femmes non mariées et veuves) : ............................................15 %
Tuiliers : .....................................................................................................................14 %
Ouvriers (surtout de l'industrie et des manufactures de cigares) : ..................12 %
Professions libérales (négociants, fabricants, commerçants, médecins, avocats, … hormis les artisans) : ...........................................................................................12 %
Fonctionnaires (travaillant dans l’administration municipale, judiciaire et financière, employés de la poste et des chemins de fer, enseignants) : ............6 %
Salariés (employés hormis artisans et domestiques) : .........................................5 %
Rentiers (vivant de leur capital ou de ses intérêts) : .............................................4 %
Autres (religieuses et pasteurs) : .............................................................................3 %
Agriculteurs : ..............................................................................................................2 %
Emplois de service (domestiques) : .........................................................................1 %
Femmes mariées et enfants : .........................................................non comptabilisés
Qu'observe-t-on?
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Les métiers de la production industrielle et artisanale représentent les plus grands groupes socio-professionnels (environ la moitié des habitants comptabilisés).
Le secteur agricole, quant à lui, n’occupe qu’une part insignifiante, alors qu’au XIXe siècle, Lemgo était encore qualifiée de « ville de bourgeois agricoles » (« Ackerbürgerstadt »). Mais l’on peut supposer que de nombreux citadins menaient une petite activité secondaire dans le domaine agricole ou du moins possédaient un potager.
Les professions libérales représentent un autre pilier de la vie économique de la ville. En revanche, les services publics ne sont que peu développés et comptent essentiellement des employés de chemins de fer et de la poste.
Données obtenues à partir du « Alphabetisches Verzeichnis der selbständig lebenden Bewohner und der kaufmännischen Firmen der Stadt », (« liste alphabétique des habitants indépendants et des entreprises commerciales de la ville ») publiée dans le « Adreßbuch der Stadt Lemgo, 1909 » (« Répertoire de la ville de Lemgo, 1909 »).