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Responsabilités et libertés nouvelles

 

La Première Guerre mondiale entraîna des changements dans la vie des femmes. En raison de l’absence de leur maris, frères, pères et fils, les femmes acquirent de nouvelles responsabilités et libertés : elles effectuèrent des tâches jusqu’alors réservées aux hommes, gagnaient leur vie en tant qu’agricultrice, ouvrière ou dans l’artisanat et disposaient pour la première fois de leur propre argent.

 

A Lemgo, ce fut notamment le cas de Lina Ohle, qui reprit seule l’atelier de photographie de son mari pendant que celui-ci combattait au front. Ses lettres témoignent de sa solitude, du plaisir que lui procura son travail de photographe et d’une autonomie financière pas tout à fait acquise vis-à-vis de son mari…

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Proposition d'ouvrir la piscine au bord de la rivière Bega aux femmes, justifiée par le travail qu'elles effectuent en temps de guerre. Lippische Post, 26/06/1917.

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Le journal local annonce la création d'une école d'ingénieurs pour les femmes, Lippische Post, 07/09/1916.

21/08/1915
« […] C’est quand même parfois atroce quand on est toute seule et qu’on n’a personne qui comprend cela. J’ai presque tous les jours à faire dans la chambre noire. Cela me fait plaisir, mais c’est quand même mieux quand tu es là. […] »


08/11/1915
« […] Aujourd’hui il y a beaucoup à faire au magasin, alors cela me fait plaisir. Dieu merci. Oui. Cher Fritz, nous ne pouvons pas assez remercier Dieu pour sa grande bonté que tu es là-bas et que moi je peux continuer notre entreprise ici. […] »


03/12/1915
« […] Cher Fritz, penses-tu vraiment que je doive attendre davantage pour le manteau de fourrure ? […] Je veux te faire cette proposition : je m’en choisis un et s’il ne te plaît pas, je devrais pouvoir l‘échanger. Je savais que tu ne dirais pas oui tout de suite, mais si Johanne [la belle-sœur de Lina] en reçoit un, je ne voudrais pas être en reste. Tu ne veux quand même pas cela, n’est-ce pas ? J’ai tant gagné avec la vente de mes cartes postales, et je pense que je ne suis pas très exigeante. J’économise et j’organise tout si bien. […] »


27/12/1915
« […] Au magasin, il y avait encore beaucoup à faire aujourd’hui et hier. Environ 60 RM. L’argent m’est passé entre les doigts ce mois-ci, je ne sais pas comment, la nourriture est devenue si chère et je voulais aussi faire plaisir aux uns et aux autres […]. La photo du fils de L. Schmuck a été prise en haut dans le salon des Schmuck, je pensais d’abord l’avoir ratée, mais ce n’est finalement pas trop mal. […] »


22/07/1917
« […] Quand je regarde parfois notre petit chéri et je pense que toi, son père, tu ne l’as même pas encore vu alors qu’il aura déjà 5 mois le 28, alors c’est terriblement difficile et je deviens toute triste. […] »

Extraits des lettres de Lina Ohle à son mari Fritz Ohle

(Archives municipales de Lemgo, NL 67/181)

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Ouverture d'une crèche

 

En mai 1917, l’association patriotique des femmes de Lemgo ouvrit une crèche pour accueillir pendant la journée les enfants dont les mères travaillaient. On pouvait y déposer les enfants âgés de 8 mois à 4 ans le matin, ils étaient gardés pendant toute la journée, nourris à midi et récupérés le soir. L’établissement, parrainé par la princesse Carola de Lippe, se trouvait au n°1 de la Mittelstraße et était dirigé par des membres de l’association patriotique des femmes ainsi que par des diaconesses. (Sources : Lippische Post 21/04/1917, 28/04/1917, 20/07/1917).


La crèche ferma ses portes définitivement en avril 1919. Le nombre d’enfants accueillis, qui était de 25 par jour en moyenne pour l’année 1918, baissa considérablement avec la fin de la guerre (plus que 13 enfants par jour en moyenne en 1919), si bien que le fonctionnement de la crèche n’était plus rentable. On peut supposer qu’avec la démobilisation de leurs maris, les mamans avaient arrêtées de travailler à l’extérieur, ou bien qu’en raison de la misère qui régnait après-guerre, les familles n’étaient plus en mesure de payer les frais d’inscription de la crèche…

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Annonce de l'ouverture d'une crèche gérée par l'association patriotique des femmes de Lemgo. Lippische Post, 28/04/1917

Rapport annuel de 1918 de l'association patriotique des femmes de Lemgo évoquant la fermeture définitive de la crèche prévue pour le 1er avril 1919. Lippische Post, 26/02/1919

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L'association patriotique des femmes de Lemgo, sans date (Source : Archives municipales de Lemgo, N 1/3026)

L’association patriotique des femmes de Lemgo

 

Les femmes de la bourgeoisie de Lemgo étaient organisées dans l’association patriotique des femmes de Lemgo. Depuis le XIXe siècle, il existait un peu partout dans l’empire Allemand des fédérations régionales et des groupes locaux de l’association patriotique des femmes qui étaient sous le patronage de l’impératrice et des épouses des gouverneurs régionaux.

L’antenne de Lemgo de l‘association patriotique des femmes fut créée avant 1877. Ses membres appartenaient toutes aux catégorie moyennes et supérieures de la bourgeoisie et de la noblesse locale. On ne sait pas grand-chose sur le nombre d’adhérentes pendant la guerre, mais, en tout cas, le journal local nous apprend qu’en juin 1918, l’association comptait 364 membres (voir Lippische Post, 25/06/1918).

Pendant la Première Guerre mondiale, son conseil d’administration était constitué presque exclusivement par les épouses des professeurs de lycée de Lemgo, et elle était présidée par Hanna Schurig, l’épouse du proviseur du lycée de Lemgo de l’époque (voir les procès-verbaux des réunions de l’association patriotique des femmes de Lemgo, Archives municipales de Lemgo, 11 N 02).

Avant la guerre, les activités de l’association patriotique des femmes de Lemgo se concentraient essentiellement sur des œuvres de charité : L’association apportait un soutien financier aux personnes dans le besoin, s’intéressait à la puériculture et organisait des cures thermales. En outre, elle dirigeait depuis 1904 le « Siechenhaus » (situé Rampendal 64 à Lemgo), une institution à mi-chemin entre hospice et maison de retraite.

Pendant la guerre, la mission de l’association patriotique des femmes de Lemgo consistait principalement dans le financement et l’organisation des soins apportés aux blessés de guerre. Ainsi, elles participèrent à la création et à la gestion de l’hôpital de guerre de Lemgo (voir ici).


Mais les dames de l’association s’intéressaient aussi plus largement au bien-être des soldats. Elles organisèrent des collectes de dons « d’amour » en nature (cigares, tabac, chocolat, gâteaux, limonade, vin, jambon fumé, saucisses, conserves, savon…) à destination des combattants au front et des prisonniers de guerre allemands (cf. Lippische Post, 21/08/1914). Pour les soldats stationnés à la garnison de Lemgo, elles créèrent un foyer (voir ici).

Les femmes (privilégiées) de l'association patriotique de Lemgo sont priées de renoncer à leurs activités bénévoles de couture et de tricot pour les soldats au front, pour ne pas concurrencer le travail rémunéré des ouvrières qui en ont besoin pour subsister. Lippische Post, 31/08/1914.

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Strickarbeiten für Arbeiterfrauen.jpg

L’association patriotique des femmes de Lemgo mit aussi en place des ateliers de couture et de tricot, dans lesquels des femmes dans le besoin étaient rémunérées pour produire des vêtements et des chaussettes pour les soldats au front (voir Lippische Post, 31/08/1914). Une blanchisserie fonctionnait de manière similaire.

Finalement, l’association patriotique des femmes de Lemgo s’investit également dans l’aide sociale apportée aux enfants, notamment par la création d’une crèche pour les enfants des mères travaillant à l’extérieur de leur foyer (voir plus haut).

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Annonce de la mise en place d'une collecte de "dons d'amour" en nature pour les soldats, Lippische Post, 21/08/1914.

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