
Création d'un hôpital de guerre à Lemgo
Au tout début de la guerre, la ville de Lemgo prit les devants pour créer un hôpital destiné aux blessés de guerre. Ainsi, le maire Ernst Höhland fit savoir au ministre d’Etat de la Lippe M. Biedenweg que la fondation Wolff (hôpital situé dans la Rintelner Chaussée et hospice St. Johann) et la Herberge zur Heimat (foyer pour compagnons itinérants situé dans la Schuhstraße) mettaient chacun 50 lits à disposition des blessés de guerre, dont 75 étaient déjà fonctionnels. Les coûts de ravitaillement seraient assurés pour 25 lits par la Fondation Wolff, et pour les 75 lits restants grâce à des dons privés des citoyens de Lemgo. Dans un premier temps, l’établissement serait dirigé par le maire de Lemgo, mais un rattachement ultérieur à la Croix Rouge était souhaité.
Cela se réalisa en février 1915, lorsque cet hôpital de guerre municipal fut convertit en hôpital de guerre plus classique, dit « associatif » (Vereinslazarett), rattaché à l’hôpital de réserve de Detmold et dirigé par le bureau régional de la Croix Rouge. La ville de Lemgo mit son contingent de lits d’hôpital à la fondation Wolff et à la Herberge zur Heimat à disposition de la nouvelle structure, l’intendance du VIIe Corps de l’Armée prit en charge une partie des frais et l’association patriotique des femmes de Lemgo (Vaterländischer Frauenverein Lemgo) continua à s’investir pour le bien des soldats blessés.

L'hôpital de la fondation Wolff, situé Rintelner Chaussee, qui accueillit des blessés de guerre. Photo prise en 1900 lors de son inauguration. (Source : Archives municipales de Lemgo, collection de photos, sans cote).
(Source : Burkhard Meier und Fred Salomon, Von der Wolffschen Stiftung zum Klinikum Lemgo: ein Jahrhundert in Berichten, Bildern und Dokumenten. Dans : Beiträge zur Geschichte der Diakonie in Lippe, Vol. 3, Lemgo, Detmold, 2000; p. 56).

Lippische Post, 28/09/1914
Arrivée des premiers soldats blessés
Le premier transport de blessés arriva en septembre 1914 à Lemgo. Selon un rapport publié dans la Lippische Post du 28 septembre 1914, il s'agissait de 40 soldats, blessés légers pour la plupart, qui furent amenés à la fondation Wolff avec des attelages et des automobiles. L’auteur de l’article affirme : « Ils [les soldats blessés] sont sans exception de bonne humeur et impatients de se trouver de nouveau en contact avec l'ennemi ». Bien entendu, il et légitime de remettre en question l’exactitude de cette affirmation…
Équipements de l'hôpital de guerre
Dans un article paru dans la Lippische Post du 27 Août 1914, la Princesse Carola zur Lippe, très active en matière de charité, fit un appel aux dons de sommiers, draps et serviettes pour l’hôpital de guerre. Elle justifiait cet appel :
« Dans la vieille et honorable cité de Lemgo vit encore et toujours l'esprit allemand et dévoué de la Hanse qui aide fraternellement là où la Patrie est en détresse. »
Cet appel eût beaucoup d’effet, car dans une lettre de remerciement datée du 29 Août 1914, (publié dans la Lippische Post du même jour) il est question de dons de 17 lits et autres articles utiles.
Dans un rapport sur la visite du Prince de Lippe en février 1915 (Lippische Post, 23/02/1915) on en apprend davantage sur les locaux de l’hôpital de guerre situés dans la Herberge zur Heimat : Il y avait une salle de jour, des chambres (pour les 28 blessés présents) et un bloc opératoire.

Compte rendu de la visite du prince de Lippe à l'hôpital de guerre de Lemgo, Lippische Post 23/02/1915.
Soigner malgré les pénuries matérielles et un manque de personnel

Photo de groupe avec des aides-soignantes et des blessés de guerre, devant les locaux de la Herberge zur Heimat (Schuhstraße 77), sans date (Source : Archives municipales de Lemgo, N 1/4638).
Dans un premier temps, la mise en place de l’hôpital de guerre au sein même de l’hôpital municipal entraîna une augmentation des taux d'occupation. Alors qu’avant-guerre, l’hôpital comptait 80 à 90 lits qui n’étaient pas tous occupés, au début de la guerre le nombre de lits passa à 125, et tous étaient occupés. (Source : Archives municipales de Lemgo, A 2475, f. 254r et 255r).
Du fait de la présence des soldats blessés, une certaine concurrence apparut avec les « malades civils » pour l’accès aux soins, de sorte que la fondation Wolff exprima la demande, en 1918, de réduire le nombre de 70 lits réservés aux soldats. L'Association patriotique des femmes de Lemgo, quant à elle, proposa de déplacer une partie des femmes âgées vers l'hospice, ce qui toutefois ne concerna que deux femmes. Le médecin-chef Dr. Von Möller avait déjà suggéré de faire la même chose pour les vieillards, qui devaient cependant être transférés à Eben-Ezer, un établissement pour handicapés.
En effet, n’y avait pas assez de draps (qui devaient être fournis par l’inten-dance du VIIe Corps d’Armée), de bandages et pansements, ainsi que de charbon pour le chauffage.
Plus important encore, l’hôpital manquait de personnel soignant et médical : Ainsi, le chirurgien Dr. von Möller fut appelé au front en 1917 sans être remplacé. En outre, les hommes du corps sanitaire combattant de la Croix Rouge, qui étaient chargées du transport des blessés de la gare à l’hôpital de guerre et qui travaillaient comme aides-soignants dans l’établissement, étaient souvent envoyés dans les hôpitaux militaires près du front, si bien qu’il fallut constamment recruter de nouveaux aides-soignants bénévoles à Lemgo. (cf. Lippische Post, 06/12/1915).

Lippische Post, 06/12/1915

Compte rendu d'une sortie au restaurant de quelques blessés de guerre avec des dames de l'association patriotique des femmes de Lemgo, Lippische Post, 17/09/1915.
Activités récréatives et caritatives
Pour remonter le moral aux soldats blessés, on organisa des sorties (comme celle, relatée ci-contre dans la Lippische Post du 17/97/1915, au restaurant avec des dames de l'association patriotique des femmes de Lemgo) et des concerts (comme celui annoncé par la Lippische Post du 14/07/1918, avec un violoncelliste et un pianiste de renom), qui servaient également à récolter des fonds pour l'hôpital de guerre.

Annonce concernant un concert organisé en faveur de l'hôpital de guerre, Lippische Post, 14/07/1918.
La fin de l'hôpital de guerre à Lemgo
Lors d'une manifestation solennelle, l'hôpital de guerre de Lemgo est définitivement dissous fin mars 1919. En tout, 2067 soldats blessés et malades étaient passés par cet établissement. Pour leur départ, on offrit aux derniers convalescents des cigares, cadeau de valeur et souvenir de la ville de Lemgo connue pour ses manufactures de cigares. (Source : Lippische Post, 20/03/1919).